Ni la Grèce ni Rome ne l'auraient imaginé, et les références héroïques des conventionnels trahissent surtout la médiocrité de leur culture historique. Mais il fait une réserve pour l'homme de génie, l’être supérieur d’une vertu éminente (διαφέρων κατ’ἀρετήν) : il faut plutôt lui obéir de bonne grâce[Note 27], car « un tel individu est comme un dieu parmi les hommes »[A 95]. Enquête sur la professionnalisation de la politique en France, Raisons dagir éditions, 2017. Cependant il ne faut pas remettre en cause le droit de cité admis de façon non juste. Aristote intègre aussi dans le droit la notion de lois non écrites (ἄγραφοι νόμοι) inventée par la pensée grecque[A 76] ; ce sont d’une part les lois tirées de la coutume (ἔθη), usages nationaux très anciens qui se perpétuent et assurent la cohésion sociale, et d’autre part la loi naturelle ou universelle, commune à tous les hommes[69].  : […] Les petites cités qui y présentent des concurrents, si elles gagnent, sont alors considérées comme meilleures que les plus grandes. De fait, s'il est vrai, comme nous l'apprend le […] Les Grecs de l’époque archaïque ont cherché à expliquer le monde grâce à la mythologie. Chez les possédants, l'agitation sociale réveille une vieille hantise particulièrement vivace chez les bourgeois français : la peur de l'ouvrier. Pour Aristote l'éthique et la politique sont des disciplines connexes : toutes deux traitent du souverain bien, qui n'est pas idéal mais ne se distingue pas du bonheur, et qui se propose autant à l'individu humain qu'à la cité, forme achevée de la vie sociale. Ces trois domaines peuvent être organisés de plusieurs manières : à tour de rôle ou par représentation élective[A 96]. Le point de départ de la Politique est l’examen du développement de la société à partir des communautés élémentaires qui la composent, la famille, le village puis la cité : Aristote détermine ainsi les conditions naturelles fondamentales de toute vie politique et sociale, à savoir les relations d’autorité entre le maître et l’esclave, le mari et la femme, les parents et les enfants. Proposant une théorie extrêmement moderne de la notion d’État, Aristote montre que le véritable critère de la pérennité de l’État réside uniquement dans la souveraineté ; car l’État subsiste en tant que collectivité de citoyens disposant du pouvoir délibératif et judiciaire ; Aristote dit expressément : « si c’est une participation commune des citoyens à un gouvernement[A 90]. Une vague de chaleur dimanche a incité les Grecs à se rendre en masse sur les plages et dans les parcs et à nettement se relâcher pendant le confinement. », La politie, constitution mixte, est un mélange d’oligarchie et de démocratie ; si on veut l’établir, on peut emprunter des éléments à ces deux régimes selon trois modes différents de mélanges[83], par exemple « emprunter à l’oligarchie les magistratures électives, à la démocratie, la suppression du cens[A 105]. Il montre ensuite la faiblesse de la définition communément admise en Grèce de la citoyenneté par la naissance, pour celui qui est né d’un père et d’une mère citoyens[Note 13], car elle ne « saurait s’appliquer aux premiers habitants ou fondateurs d’une cité »[A 31]. Lorsque nous aurons effectivement fait cela, nous pourrons peut-être connaître mieux comment doit être constitué l’État le meilleur, dont tout État a besoin de connaître l’organisation, les lois et les institutions. III.4. Cette vie heureuse, fin ultime de la cité, implique encore d’autres éléments qui ont aussi leur valeur pour Aristote : « Une cité n’est pas une simple communauté de lieu établie pour empêcher les injustices mutuelles et faciliter les échanges [..] Une cité est la communauté de la vie heureuse, c'est-à-dire dont la fin est une vie parfaite et autarcique (ζωῆς τελείας καὶ αὐτάρκους) »[A 19]. Partager cette page. La politique était née. Aristote soulève alors la question de la vertu du bon citoyen, par rapport à celle de l’homme de bien. L'essentiel des croyances et des rites se structurent au moment où naît, à l'époque archaïque (VIII e-VI e siècle av. La vertu : tel était le thème de la journée d'étude organisée le 12 décembre 2007 à l'Académie des sciences morales et politiques à l'initiative du Centre de Recherches en Théorie générale du Droit. Lire la suite, Dans le chapitre « Le monogramme de sociabilité et sa manifestation » ». J.-C., c’est le seul que donnent tous les manuscrits, et c’est même « le seul logique et cohérent » selon plusieurs érudits[Note 5]. La Grèce connaît deux principaux régimes politiques : l'oligarchie et la démocratie, chacune comprenant d'infinie variante. Plusieurs académiciens et juristes sont intervenus.  : […] — (Jacques Delpierrié de Bayac, Histoire du Front populaire, Fayard, 1972, page 13) C’est chez lui une habitude. Avant d'être un territoire (ville et campagne environnante), c'est un organisme collectif : ce sont les citoyens unis par une même histoire autour du culte rendu à la divinité poliade. Aristote distingue l'homme des autres animaux en ce qu'il appartient à une cité. Comme les lois influent sur les comportements et les mentalités, c’est la tâche du législateur de modifier les comportements des habitants par des lois adéquates et surtout par l’éducation des enfants : « Car la nature du désir est d'être sans borne et la plupart des hommes ne vivent que pour le combler[A 87]. Beaucoup de Grecs attribuent la victoire à la supériorité de l'organisation politique spartiate [136]. Élargissez votre recherche. Quel critère devra-t-on retenir si on envisage une répartition proportionnelle à la valeur de chacun ? Dans ce travail, nous choisissons d’étudier les modes ordinaires de construction de la politique chez les jeunes Grecs. Seuls quelques magistrats, une centaine environ, étaient élus : les géné […] L’usure pervertit complètement la fonction de la monnaie : « On a parfaitement raison d’exécrer le prêt à intérêt, parce qu’alors les gains acquis proviennent de la monnaie et non plus de ce pour quoi on l’institua[A 27]. À l'enfant de moins de cinq ans, on fera entendre des fables, choisies par les « inspecteurs de l’éducation » (les παιδονόμοι, pédonomes[Note 18]). Les causes de contestation d’un régime politique sont nombreuses, la principale étant le sentiment d'injustice, donc d'inégalité[90]. Car la cité est une communauté humaine formée en vue d’un certain bien. », « regarder les choses évoluer depuis leur origine », « les méthodes des écoles réalistes scandinaves et réaliste-pragmatique américaine, « Ce sens de la forme, capable de maîtriser et d’organiser la multiplicité des faits politiques réels, a empêché sa recherche d’une norme absolue de se rigidifier ; en même temps, sa puissante notion de la, « l’une s’exerce sur des hommes libres par nature, l’autre sur des esclaves ; et le pouvoir du chef de famille est une monarchie alors que l’autorité politique s’exerce sur des hommes libres et égaux », « On ne fait pas une cité à partir d’individus semblables », « la justice est donc une valeur politique ; or c’est l’exercice de la justice qui détermine ce qui est juste, « sans la vertu, l’homme est l’être le plus pervers et le plus féroce, le plus bassement porté vers les plaisirs de l’amour et du ventre, « le “vivre ensemble” dont on nous rebat aujourd'hui les oreilles n’est jamais qu’un piètre objectif, « Les belles actions, voilà ce qu’il faut poser comme fin de la communauté politique, et non la seule vie en commun, « Une cité n’est pas une simple communauté de lieu établie pour empêcher les injustices mutuelles et faciliter les échanges [..] Une cité est la communauté de la vie heureuse, c'est-à-dire dont la fin est une vie parfaite et autarcique (, « la somme des instruments que possède une famille ou une cité », « la vie est action et non pas production, « On a parfaitement raison d’exécrer le prêt à intérêt, parce qu’alors les gains acquis proviennent de la monnaie et non plus de ce pour quoi on l’institua, « elle n’a été faite qu’en vue de l’échange », « n'a pas même pour fin le but qu'elle poursuit, puisque son but est précisément une opulence et un enrichissement indéfinis, « un des premiers essais en économie politique », « saurait s’appliquer aux premiers habitants ou fondateurs d’une cité », « qu’on ne doit pas élever au rang de citoyens tous les individus dont l’État a cependant nécessairement besoin, « on ne peut s’adonner à la pratique de la vertu si l’on mène une vie d’ouvrier ou de manœuvre, « pour d'autres, au contraire, la domination du maître sur l'esclave est contre nature, « Si les navettes tissaient toutes seules, si le, « l'esclavage est utile autant qu'il est juste, « Entre le maître et l’esclave, quand c’est la nature qui les a faits tous les deux, il existe un intérêt commun, une bienveillance réciproque », « vaut mieux proposer à tous les esclaves la liberté comme une récompense, « Pour répartir les charges selon le mérite, les citoyens doivent nécessairement se connaître avec leurs caractères particuliers, puisque là où ce n’est pas le cas, le choix des magistrats et les jugements se font dans de mauvaises conditions, « Ainsi, le territoire doit être divisé en deux parties, l’une doit être le domaine public, l’autre celui des particuliers, « non moins modernes sont les prescriptions d’Aristote relatives à la fonction nutritive. ». Le changement de régime et les troubles politiques proviennent à la fois de facteurs internes, parce qu'une cité est un organisme vivant comparable à un corps, et de disparités géographiques, ce qui se rapproche d'une conception darwinienne[89] ; ainsi Aristote mentionne-t-il dans le territoire de certaines cités, des zones non homogènes : par exemple à Athènes, dit-il, les habitants du Pirée sont plus démocrates que ceux de la ville ; de même, l’absence de communauté de race ou de mœurs, (en grec ἀνομοιότης / anomoïotès, hétérogénéité) est-elle une cause de troubles politiques, « tant qu’il n’y a pas une communauté d’aspirations » : « Une cité ne naît pas de n’importe quelle foule. La politique chez les Grecs, une histoire de familles. D'origine indo-européenne, le mot polis correspond au sanskrit pur, « citadelle », « forteresse ». Οr « seul parmi les animaux, l’homme a un langage » et une raison (λόγος / logos), grâce auxquels il décide, par « choix délibéré » (προαίρεσις), de « vivre en commun »[A 13]. Actualités. Résumé. * Origine de 1'influence de 1'oracle de Delphes. Aristote y examine la façon dont devrait être organisée la cité (en grec, polis). Le changement est plus important en oligarchie qu’en démocratie car le changement dans les deux cas peut venir du peuple alors qu’il vient du peuple ou de la rivalité entre les oligarques en oligarchie. À cette objection, Aristote répond par une comparaison avec d'autres pouvoirs : l’autorité du maître sur ses esclaves et celle de l’homme d’État ne sont pas la même chose, car « l’une s’exerce sur des hommes libres par nature, l’autre sur des esclaves ; et le pouvoir du chef de famille est une monarchie alors que l’autorité politique s’exerce sur des hommes libres et égaux »[A 12]. Les petites cités qui y présentent des concurrents, si elles gagnent, sont alors considérées comme meilleures que les plus grandes. La base du système politique est la domination du peuple grec. Lire la suite, Dans le chapitre « Une procédure de désignation aristocratique » » L'autre méthode, tout à fait opposée, est que le tyran adopte un comportement ayant les apparences de celui d'un roi. Il est devenu évident qu'un groupe fortement intégré, puisqu'il ignore le quant-à-soi et refuse l'indépendance à ses éléments, ne saurait faire appel au civisme.