À côté de ce thème crucial, Anouilh nous confie une vision de l’amour plus moderne, où l’éternité de l’amour ne consiste pas en sa durée, mais plutôt en sa façon de se reproduire dans chaque couple, à chaque rencontre et séparation. Plus aucun pays voisin ne veut d’eux. Comme le richissime Sardanapale elle ne voit que le suicide et, comme le dernier grand roi d’Assyrie, elle considère la mort de ses fils comme corollaire de la sienne. Le texte d’Anouilh et sa fidèle mise en scène, avec leur « vérité » où toute forme de jeu intellectuel est bannie, offrent aussi au spectateur une interprétation juste et assez équilibrée des sentiments et des passions des personnages. - dans les listes au-dessous des catégories Pour la collection « Classiques & Contemporains », Laurent Gaudé a accepté de répondre aux questions de Cécile Pellissier, enseignante et auteur de l’appareil pédagogique de Médée Kali. Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter: Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Quand Médée l’apprend, elle « accouche » d’une telle haine que la pièce ne peut s’achever que dans une flamboyante apocalypse. Donc, si l’individualisme aveugle de Médée ne se soucie pas du tout des problématiques de la « polis », le choix de Jason aussi rentre surtout dans une recherche de bien-être personnel. Car il ne faut pas oublier que Médée, qui se prend toujours, idéalement, pour la petite reine qu’elle était avant de laisser sa Colchide, vit maintenant dans un bidonville tout à fait malheureux. C'est l'abandon de Médée par Jason, et le meurtre de ses propres enfants par vengeance, qui constitue la trame tragique des pièces associées à Médée et de la tragédie qu'Anouilh lui consacre. Ne pouvant tolérer cet ordre, Antigone … Cette règle cherche à entretenir l'illusion d'une coïncidence entre la durée de la fiction et le temps de la représentation : La tragédie de Médée se déroule bien en 24h, nous assistons à une concentration d'action qui se déroulent chronologiquement jusqu'à leurs fin … Et puis pour Médée, à la fin de chaque épisode, une couche du costume est enlevée. Lorsque Médée a tué son frère, par exemple, elle a agi en fonction d’une espèce de raison d’État : bâtir son union avec Jason et, à travers cela, bâtir un nouveau royaume. Mais vieux costumes de luxe. « Nous vivions tous les deux ensemble. Cet évènement, ce n’est pas sans conséquence dans les comportements suivants de Jason. Déjà abonné, D’abord, en choisissant la Médée d’Anouilh, où l’action devient toujours parole, où la parole est surtout un instrument d’analyse, de réflexion, de mesure. Lors de sa représentation, au théâtre du Marais, le succès de la pièce de théâtre est mitigé. Création à Beauvais en février 2007. Médée, par sa situation marginale, fait apparaître les contradictions et insuffisances sociales de la justice des hommes. Anouilh conserve le découpage de la tragédie d’Euripide en cinq épisodes mais y enlève les passages du chœur. » (La pointe de l’iceberg n. 19), Raffaele Merloni, mon fils, a cinquante ans, « Il n’est au pouvoir de personne… de réduire un artiste au silence… » : douze bouleversantes nouvelles de Valère Staraselski, Life’s Hardships (contribution de Marie-Noëlle Bertrand à la Ronde du 15 octobre 2019), Follow le portrait inconscient on WordPress.com. Je pense que je ne l’avais pas lu, ce compte rendu de la pièce d’Anouilh, sinon j’en aurais dit qu’elle était indispensable… et que les ans ne l’avaient pas ridée pour un sou. » C’est vrai, et je suis d’accord. Jason veut entamer une seconde vie. Dans une des critiques sur cette pièce des Rhinocéros à l’Aleph d’Ivry, j’ai lu : « Derrière ses crimes et sa monstruosité, cette Médée nous apparaît, sans pudeur, dans sa plus pure identité : celle d’une femme malheureuse. Pour un plus efficace accès aux publications, vous pouvez d'abord consulter les catégories ci-dessous, où sont groupés les principaux thèmes suivis. Je m’asphyxie…. Là où ils sont, Médée et Jason ne peuvent pas aller plus loin. Dans la circularité de notre sensibilité moderne, qui nous fait tolérants et exigeants en même temps, nous accepterions aussi la possibilité d’un renversement des rôles : Médée est une princesse gâtée et obéissante que l’amour contrasté pour Jason a transformée en soixante-huitarde à outrance, voire en terroriste qui, au lieu de se repentir, s’adonne à la glorification de ses actes criminels. Mais elle n’aurait pas su s’adapter, comme Jason, au « deuxième rôle », à l’oubli. Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 3.0 non transposé. Dans cette « déclination » de la force de Médée, un rôle indispensable est assigné à ses partenaires — la nourrice et Jason —, toujours engagés dans un double travail : celui de jouer son propre personnage et celui de faire de soutien ou de contrepoint, plus ou moins énergique, aux vagues de désespoir ou de rage de la protagoniste. Pour rendre cet espace sur la scène, du feu, une caravane, un ciel étoilé, fait de guirlande électrique. Ils sont poursuivis de toutes parts pour les crimes qu’ils ont commis. La réponse est peut-être ici ! Costumes d’aujourd’hui. C’est la nuit, il fait froid, alors costumes en superposition. En même temps, elle se révèle une femme extrêmement commune, tout à fait incapable de surmonter sa jalousie violente et l’échec de son mariage. Après avoir redonné ses lettres de noblesse à la comédie, Corneille s'engage dans la tragédie avec la création de Médée. Alors costume de luxe. Et nos étreintes, nos sales luttes de chiffonniers, et cette entente de complices que nous retrouvions le soir, sur la paillasse, dans un coin de notre roulotte, après nos coups. Je reviens, maintenant, à ma première impression, à cette sensation physique, suscitée par le combat acharné entre le blanc et le noir — le blanc de la peau et des vêtements de Médée, le noir de la scène et du costume de Jason — qui est aussi le combat entre une certaine « pureté » ou « naïveté » de Médée, considérée comme positive, au fond, et la « saleté » du contexte qui l’entoure, reflet tangible de la soumission au pouvoir et au compromis. Ce sera notre troisième collaboration après « On ne badine pas avec l’amour » et « Le Barbier de Séville ». Cette double personnalité, maîtrisée de façon poétique par le génie de Pasolini et le charme inquiétant de Maria Callas, sont toujours au rendez-vous lorsqu’on doit ressusciter une nouvelle Médée. Cela encore plus dans le texte et la scénographie de Jean Anouilh qui, accueillant peut-être la leçon de Freud, suggère un enchevêtrement essentiel entre la mythologie et la vie réelle, transportant Médée, Jason et leurs problématiques existentielles dans une scène contemporaine. J’ai aimé ton monde noir, ton audace, ta révolte, ta connivence avec l’horreur et la mort, ta rage de tout détruire. Analyse remarquable sur un texte » très contemporain » sujet éternel et troublant. Un amour qui peut provoquer bien sûr une force irrésistible et vaincre même la peur et l’horreur de la mort. Médée (fille d’Ætés), séduite par Jason, l’aide à vol… Une force extraordinaire soutient Médée-Ariane Komorn, d’abord en couple avec la nourrice, Elena Diego Marina, ensuite dans son rapport unique et exclusif avec Jason, Jean Gabriel Vidal. Tout comme Freud, Anouilh veut dénicher dans les mythes les questions fondatrices des rapports humains. complètera cette distribution et m’assistera sur cette création en gérant particulièrement les deux enfants qui seront sur scène avec nous à chaque représentation. A la place de ces passages, un moment d’arrêt dans l’action. — Alors ça sera partout pareil. Pour le rôle du « garçon », je suis heureux d’intégrer à la troupe un jeune comédien, tout juste sorti de l’école du Théâtre national de Strasbourg, Gilian Petrovski. L’une correspond à la Nature insoumise, mais, en définitive, parfaite, l’autre à la Culture. Jason est fils d’Éson, roi d’Iolcos. • En 2007 : Médée de Jean Anouilh (production Théâtre du Beauvaisis, scène conventionnée, théâtre de l’Héliotrope avec le soutien du Conseil Général de l’Oise, du Conseil Régional de Picardie, de la DRAC Picardie). Cette jeunesse me semble nécessaire à la compréhension de la pièce. Alors ? Je pensais avec toi, on doit toujours être et de luttes et de tout permis”, Jean Anouilh. Et, lorsque l’étalage du pouvoir de Créon fait prévaloir ses lois, il faut se rappeler de l’identité unique de cette femme et de son passé tout à fait héroïque. Et d’une jeune femme sort le monstre. Pourquoi que tu l’as à la caille ?On est pas heureux tout les deux ? Médée est une tragédie de Jean Anouilh écrite et publiée dans les Nouvelles pièces noires en 19461 et créée au Kammerspiele de Hambourg le 2 novembre 1948 dans une mise en scène de Robert Michael2. Un messager accourt et annonce que l'épouse de Jason et son père sont morts. > Ionesco écrit dans Notes et contre-notes : « Il faut aller au théâtre comme on va à un match de football, de boxe, de tennis. Dans le film de Pasolini, les délits de Médée ne sont justifiés ni condamnés, pourtant on y perçoit un sentiment d’horreur respectueuse, arrêté en deçà d’un mystère ancestral que les humains ne peuvent ni ne doivent pas pénétrer. Selon une dramatisation tout à fait partageable, dans cette pièce on met consciemment en relief un rapport de plus en plus renversé entre la population à l’abri de toute détresse et de tout risque et la population qui vit sur l’asphalte, sous la pluie, essayant de se protéger et se conforter avec tout ce que jette à la poubelle ce monde contemporain qui a voulu mettre l’argent et le succès au centre de ses aspirations primordiales. Distribution Deux. ( Déconnexion / (Déchirures n. 1), « La rue est à qui ? Médée hésite, puis décide qu'elle doit se venger. Heureusement, il y a le théâtre qui nous montre le Bien qui est parfois dans le Mal, l’Amour qui se mêle à la Mort, et cetera. Le texte d’Anouilh et sa fidèle mise en scène, avec leur « vérité » où toute forme de jeu intellectuel est bannie, offrent aussi au spectateur une interprétation juste et assez équilibrée des sentiments et des passions des personnages. — Oui ! Cocardier à part, tu es plutôt beau mec. C’est l’amour à mesure d’homme et de femme. Médée se saurait sauvée si elle avait pu dire « Bonne pêche et bonne atmosphère ! Décor / Jean-François Servigne En même temps, elle nous concerne. » On croyait tout savoir sur les tragédies classiques… » et ces textes anciens revisités de nos jours nous ouvrent de nouvelles portes d’interprétation et comme vous le dites si bien » ouvrent de nouveaux horizons ». » J’ai choisi une jeune actrice pour incarner Médée : Elodie Navarre a 28 ans. La Petite Vermillon) Création de la pièce : 1946 Le mythe de Médée est un des plus terribles, et un des plus profonds qu'ait engendrés l'imagination. 1997, coll. Excellente interprétation de Jean-Gabriel Vidal dans le rôle de Jason et d’Elena Diego Marina dans celui de la nourrice. — Fataliste Avec Ariane Komorn (Médée), Elena Diego Marina (Nourrice), Raphaël Molina (Créon) et Jean-Gabriel Vidal (Jason). Médée • Présentation du mythe Origine des personnages Résumé • Jean Anouilh Biographie Contexte historique • Présentation de la pièce contemporaine Les pesonnages Résumé de l’œuvre Thèmes principaux • Liens entre le mythe et la pièce contemporaine • Anachronismes • Conclusion 1. — A Toulon, y’a de l’air puisqu’il y a la mer, tu respireras mieux. Il croit donc tout à fait possible ce que Médée ne peut pas accepter, car elle est encore prisonnière de ses passions. En Médée il ne faut pas considérer l’amour comme un thème unique et solitaire, à l’origine de tout ce qui se passe dans cette banlieue de Corinthe, où, au contraire, de monstres beaucoup plus redoutables s’affrontent dans d’invisibles coulisses noires. Musique / Frédéric Norel Jason et Médée ont été prince et princesse il y a 10 ans. Car elle, au fur et à mesure que la scène se déroule, assume une présence théâtrale qui touche le spectateur. « J’ai fait ça pour toi ! Une création de la Compagnie Rhinocéros d’après l’œuvre de Jean Anouilh, vue au théâtre Aleph, Ivry-sur-Seine. Mais, ce qui m’a encore plus touché ce sont les suggestions qui ont jailli de ma mémoire « après » le spectacle, venant, j’en suis sûr, de l’attention prêtée au texte d’Anouilh et aussi de la connaissance des nombreuses Médées que l’histoire du théâtre et du cinéma nous laisse en héritage. Tu t’incrustes, tu t’incrustes, ça finira par faire du vilain ! Mais, à bien y réfléchir, les motivations de ses tueries ne sont pas toujours les mêmes. Le crime de Médée est inexcusable. Je confie le rôle de Créon à Gildas Bourdet, qui revient ainsi à la scène après avoir passé trente ans dans le fauteuil de metteur en scène. Mais, enfin, ce n’est pas dans ce choix de Jason de l’intégration — qui n’est même pas la trahison d’un idéal —, qu’on doit dénicher le nœud primordial de cette pièce d’Anouilh. ( Déconnexion / C’est Benjamin Boyer qui interprètera Jason. Le feu comme de la lave qui rentrerait en fusion à la fin de la pièce. Chantage, vengeance… Ne font pas la même chose, encore aujourd’hui, de milliers de femmes et d’hommes qui ne savent pas accepter l’échec et le chagrin que l’abandon fabrique ? Un soir de 1928, émerveillé par la représentation de "Siegfried" de Jean Giraudoux, il décide de … Par . Celui-ci est d’ailleurs le thème dominant de la tragédie d’Euripide, hantée sur le plan individuel, celui de Médée, par le souci de trouver un bouc émissaire sinon une justification à des actions terribles et sanglantes — qui vont, en principe, moins en direction de l’amour que d’une possession arbitraire et absolue — et, sur le plan général et social, par le souci de faire évoluer une idée de démocratie et de justice de moins en moins archaïque et soumise au pouvoir des rois ou des Dieux. « Mutatis mutandis » cela aurait été affreux voir par exemple Garibaldi, le Che Guevara italien, celui qui a eu enfin la chance de contribuer à l’unité de mon Pays, abandonner sa femme Anita dans la pinède de Ravenne. Quiconque, à sa place, aurait douté de cet étalement d’amour à outrance, que Médée affichait en le mêlant toujours, on doit supposer, aux chantages psychologiques dans lesquels elle rappelait leur complicité. Recevez chaque semaine l'actualité de la scène, (ou lecture, mise en espace, travail d'atelier), Un spectacle (ou lecture, mise en espace, travail d'atelier). Elle « prend sur soi » tous les déchirements de Médée, mais aussi les échos des souffrances de la nourrice et de son enfant condamné. Femme révoltée qui trahit son père, tua son frère pour l'amour de Jason et la conquête de la Toison d'or. Le souffle de la tragédie. Voir un exemple Costume brillant.