Comme l'écrit Claude Lefort, c'est une liberté de « rapports » qui accorde à l'homme un droit à la parole et à la « pensée publique [6] », ­ donc une liberté à forte connotation rationaliste. Et pour commencer, un indice peut nous être donné par la nécessité même de formuler une liberté de parole et de presse. En trouvant des justifications particulières et positives à la « liberté d'expression », on lui accorderait une protection supplémentaire face aux tentatives de censure de ceux qui s'estimeraient choqués, heurtés, offensés [14]. Pour Joel Feinberg, les mots offensants sont comme de simples piqures de moustiques ­ ils ne deviennent préjudiciables qu'à condition de se répéter [40]. Frederick Schauer, « The Phenomenology of Speech and Harm ». 18 Punir le racisme ? Dans la définition libérale de la démocratie qui prévaut aujourd’hui, ils semblent se confondre : idées et écrits doivent pouvoir circuler sans entraves. Autrement dit, la mesure de la nuisance d'une offense se heurte aux mécanismes particulièrement subtils par lesquels on exacerbe ou l'on neutralise la puissance des mots. 36Quiconque réfléchit sur les limites légitimes de la parole rencontre rapidement des cas difficiles : les menaces, la diffamation, le harcèlement, les injures, ou encore le blasphème. Idée qu'Alexander Meiklejohn a lui-même acceptée sans difficulté : voir Alexander Meiklejohn, « The First Amendment Is an Absolute ». Pour le bien de notre qualité de vie et de notre richesse collective, il faut en faire davantage pour promouvoir et protéger la liberté d’expression des Canadiens et Canadiennes. En d'autres termes, pour inclure certaines formes d'expression non directement discursives dans une sphère protégée de la répression, il fallut en quelque sorte les « anoblir », effectuer ce que l'on pourrait appeler une extraction sémantique afin d'établir l'utilité ou même la nécessité de leur participation directe ou indirecte à la société démocratique. Ils ont progressivement inclus dans la liberté d'expression la création artistique, le cinéma, le divertissement, la communication audiovisuelle. 43En définitive, le concept de « liberté d'expression », symbole d'un libéralisme censé élargir nos gammes de liberté, apparaît autodestructeur et inapte à remplir les objectifs que l'on pouvait lui prêter. Ouvrages C3 C2 C1 . Mais cette inclusion a le plus souvent été justifiée par l'utilité politique et sociale, l'importance pour une société démocratique des objets et des comportements concernés [10]. Voir en particulier David Cole, « Playing by Pornography's Rules : The Regulation of Sexual Expression ». C'est la raison pour laquelle la « protection de la jeunesse » est en général le principe invoqué lorsque l'on veut interdire certaines formes de représentation, le plus souvent pornographiques [47]. Ces rappels historiques n'ont pas pour objet de disqualifier a priori la référence à la « liberté d'expression » dans le langage juridique ; mais plutôt d'en souligner deux ambigüités problématiques. Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, 1784, acte V, scène 3. Au contraire, pour la démarche négative, les vertus supposées d'une forme d'expression, ses qualités politiques, artistiques, sont insignifiantes du point de vue moral. En fait, la marge de manœuvre des gouvernements reste grande pour améliorer la liberté d’expression, surtout si nous nous comparons avec le pays au premier rang du classement, la Norvège. Notre liberté d’expression est attaquée. doit être protégée par la « liberté d'expression » la … QUE FAIRE EN CLASSE ? En d'autres termes, il y a deux grandes manières de défendre cette liberté, et il n'est du tout sûr qu'elles soient compatibles : en exalter les vertus, ou en minimiser les vices. 29Mais si la notion de « liberté d'expression » acquiert un sens aussi universel, le problème de la nuisance que les théories positives de la liberté d'expression cherchaient à conjurer réapparaît immédiatement. Pourtant, si l'on s'arrête à la manière dont ces proclamations sont formulées, on peut s'apercevoir qu'il n'est nullement question de « liberté d'expression ». Le garçon qui criait au loup, Tony Ross, Folio Benjamin (le mensonge) X. Gabriel, Elisabeth Motsch, L’école des Loisirs (la différence, l’intolérance) X. Matin brun, Franck Pavloff , … Au cours des dernières années, un mouvement important de censure s’est établi au sein des médias, du milieu académique et de la population en général. De Rushdie à Dieudonné, d’Islamabad à Copenhague et de la Cour européenne des droits de l’homme à la Cour suprême des États-Unis, en Tous droits réservés pour tous pays. La liberté d’expression en littérature jeunesse letilleul 28 livres. ». Leur importance comme organe de l'opinion publique n'est pas atténuée par le fait qu'ils sont destinés à divertir aussi bien qu'à informer » (, Comme le montre Ulysse Korolitski, la loi Gayssot s'appuie sur une chaîne d'imputations causales, qui lie le négationnisme à la, Il existe d'autres justifications conséquentialistes de la liberté d'expression (la recherche de la vérité, l'épanouissement personnel). indiscernable, s’il désigne tous les éléments qui contribuent à la formation du jugement politique. Liberter D'expression Par ailleurs, la formulation que l'on retrouve le plus souvent dans les constitutions rédigées dans la seconde moitié du 20e siècle énonce « le droit d'exprimer son opinion par la parole, l'écrit et par l'image » (par exemple en Allemagne, en Espagne, au Portugal, ou encore en Italie) [9]. Celebrate Freedom to Read Week: February 21–27, 2021 Freedom to Read Week is an annual event that encourages Canadians to think about and reaffirm their commitment to intellectual freedom, which is guaranteed them under the Charter of Rights and Freedoms. C’est une très grande différence par rapport aux États-Unis où la valeur constitutionnelle de la liberté d’expression est normalement protégée d’une manière … Il consiste à interpréter le premier amendement, sur la « liberté de parole », à l'aune de l'ensemble de la Constitution ; à en faire le corrélat logique du gouvernement démocratique [16]. C'est ainsi en vertu de cet objectif que la Cour Suprême a inclus dans la sphère protectrice du premier amendement des formes d'expression qui ne relèvent pas de la « parole » au sens strict (le fait, par exemple, de brûler un drapeau en signe de protestation politique) ; tandis que certaines paroles, comme par exemple les injures directes, ne sont pas protégées. large on en vient à signifier la liberté elle-même. 32 S'agissant des premières, la Cour Suprême a interprété le premier amendement de manière très libérale (après le maccarthysme, du moins) et a même assimilé certaines actions (par exemple, le fait de brûler le drapeau des États-Unis) à des formes de « parole » (speech) légitimes : elle n'a cessé, en d'autres termes, d'extraire et de valoriser tout ce qui, dans les idées et les comportements, relevait du débat public [26]. Héritière de la liberté de parole et de presse, et sous-tendue par des normes de communication rationnelle, la « liberté d'expression » est porteuse d'une positivité problématique : entendue au sens restreint de « parole », elle conduit à exclure toutes les formes d'expression qui, au premier abord, ne semblent pas correspondre aux réquisits de la délibération publique (par exemple, les images pornographiques) ; mais entendue au sens large, elle perd sa signification et devient indiscernable de la réalité elle-même ­ dans la mesure où tout exprime quelque chose. 21Accordant à la liberté de parole une finalité prioritairement, voire exclusivement politique, cette théorie a suscité deux grands types de critiques : en premier lieu, son insistance sur l'aspect cognitif de la communication semblait reléguer au second rang des formes d'expression qui ne se plient pas de manière directe à l'impératif de discussion rationnelle (l'art et la littérature, en particulier). La fortune récente de la formule « liberté d'expression », qui traduit et résorbe les proclamations antérieures, semble rompre avec ces aspects communicationnels et cognitifs [7]. Mais pourquoi demander aux expressions parfois mises en accusation (par exemple la pornographie, le blasphème, l'art en général) des gages de « bonne conduite », quand la charge de la preuve de leur caractère nuisible devrait, en principe, incomber aux accusateurs ? Une manière de répondre est d'assimiler de telles affirmations à de pures affabulations qu'aucune donnée empirique ne viendrait confirmer. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées (...) »). Qu’entendez-vous par là ? Lisez ce Littérature Dissertation et plus de 248 000 autres dissertation. Or si la « liberté d'expression » devient synonyme de la simple liberté, le partage du légitime et de l'illégitime, de ce qui peut être dit et de ce qui ne peut pas l'être, ne peut se que se fonder sur un critère de nuisance. On peut penser que choisir la Liberté, quand on est Victor Hugo, issu d’une famille riche, fils d’un général et comte d’Empire, doué d’un cerveau comme le sien, recueillant tôt les fruits de son travail littéraire, n’est pas un si grand sacrifice. 37Dans La Liberté d'offenser, Ruwen Ogien propose dans le sillage de Mill un cadre qui permettrait de différencier le préjudice de la simple offense ­ qui selon lui ne devrait faire l'objet d'aucune poursuite [41]. Sign up Congress shall make no law (...) abridging the freedom of speech or of the press (...). AFP / Europe 1, « Vietnam : une chanteuse interpellée pour un slogan injurieux contre Trump« , Europe 1, 12/11/2017. Mais outre ces bienfaits, il existe également un lien étroit entre la liberté d’expression et la croissance économique. Pour un recueil de projets de déclarations de 1789, on pourra consulter l'ouvrage de Lucien Jaume. Face à la défense positive de la liberté d'expression, la position négative aura tendance à considérer comme superflue, voire dangereuse la notion d'« expression » : car dans cette perspective, mieux vaut minimiser le pouvoir des représentations. La littérature de jeunesse . L'idée selon laquelle « le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit » fut formulée à plusieurs reprises lors des débats sur la « Loi Gayssot » de 1990. Que nous apprend, que nous communique l'« obscénité » ? Mais Marcela Iacub donne deux éléments plus convaincants : d'abord, la pornographie nous informerait « sur les fantasmes sexuels de nos contemporains » ; puis, le simple fait que l'on l'étudie montrerait que « la pornographie nous apprend quelque chose, ne serait-ce que sur elle-même » [29]. Quant au premier amendement de la Constitution des États-Unis, il déclare : 4 What form can an enforceable contract take? C'est pourquoi la défense négative de la liberté d'expression sera plus efficace si elle s'accompagne d'un franc scepticisme à l'égard de la puissance intrinsèque de l'expression ; tandis que les partisans de la répression ­ par exemple, les féministes opposées à la pornographie ­ n'ont cessé de puiser leurs arguments dans les théories qui accordaient au langage une capacité d'agir directe (en particulier la théorie des « actes de parole » de John Austin). Cette tension est illustrée par la conception délibérative que Joshua Cohen offre de la liberté d'expression : « La conception délibérative conçoit la politique comme visant en partie la formation des préférences et des convictions, et non seulement leur articulation et leur agrégation. Elle suppose un type de subjectivité partagée qui, selon moi, consiste à opérer une … liberté d'expression, démocratie et discours racistes - Livre - À l'heure des débats sur la liberté d'expression et des polémiques liées à la légitimité de sa limitation, cet ouvrage passe au crible les lois françaises réprimant les discours racistes en France. Car l'« expression » désigne à la fois l'action d'exprimer quelque chose par tous les moyens, et ce par quoi quelque chose se manifeste (lorsque l'on dit, par exemple, qu'un poème exprime des sentiments, ou que la loi est l'expression de la volonté générale). doit être protégée par la « liberté d'expression » la dimension d'utilité communicative, sociale et politique de cette forme d'expression, c'est-à-dire sa dimension positive ?, ou faudra-t-il mettre en avant son caractère inoffensif, le fait qu'elle ne nuise pas à autrui : pratiquer, en d'autres termes, une défense négative ? Internet Et La Liberté D'expression. L'effort par lequel on s'émancipe d'une conception trop rigide du cadre de la délibération publique conduit à une dilution du concept de « parole », speech, qui, transformé en « expression », désignera l'ensemble de la réalité [31]. Voir aussi D. Cole, « Playing by Pornography's Rules ». Bien qu'il ne soit pas très facile de trouver des marques claires au sein de l'océan bibliographique consacré à la question ; on peut distinguer deux modes majeurs d'identification de la « parole politique ». If there is a failure of this obligation, the court will provide a remedy. 1 Ce brouillage de la notion de « parole » (speech) permet d'expliquer pourquoi certains auteurs préfèrent désormais parler de « liberté d'expression » plutôt que de « liberté de parole ». de la liberté d’expression n’est donc pas la meilleure manière de la protéger, contrairement à un principe de non-nuisance fondé sur un postulat anti-paternaliste d’autonomie. Ces éléments sont difficilement contestables, mais ils soulignent l'ambigüité de ce que l'on appelle expression : car les pratiques sexuelles nous informent aussi sur les fantasmes de nos contemporains, et pourtant, on ne parlerait pas à leur propos de « liberté d'expression ». Textes Officiels. 3 Pour une défense de la liberté d'expression fondée sur ce principe moral d'autonomie, voir Thomas Scanlon, « A Theory of Freedom of Expression ». J'essaierai alors de montrer que seul un principe de non-nuisance fondé sur une critique du paternalisme peut remplir l'objectif émancipateur que l'on assigne généralement à la « liberté d'expression » (II). Cette question est cruciale, puisqu'elle engage la manière dont les défenseurs et les détracteurs de la « liberté d'expression » justifieront leurs engagements. Par conséquent, si par souci d'inclusion, on en vient à donner du terme « expression » une définition très vaste, on ne fait que remettre à plus tard l'interrogation sur ce qui, au sein de cette liberté d'expression, est faisable et ce qui ne l'est pas [32]. 8 Et dans un cadre délibératif, ces critères positifs résident dans des qualités cognitives, ou du moins communicatives. La controverse suscitée à l’Université d’Ottawa par le « mot commençant par ‘’N’’ » est un exemple parmi d’autres. (Il se lève.) Et il est vrai qu'il y a là deux manières difficilement conciliables de concevoir la liberté d'expression ­ et les moyens à utiliser pour la défendre. Joel Feinberg, « Obscene Words and the Law ». Or c'est précisément cette progressive substitution sémantique, à l' uvre dans la théorie, qu'il s'agit d'analyser ici. 35Les ennuis ne font que commencer ­ puisqu'il s'agit de déterminer le point à partir duquel une offense devient suffisamment sérieuse pour justifier la répression, c'est-à-dire examiner cette position négative de plus près. Dans ce second cas en effet, le terme « expression » désigne la simple extériorité et l'ensemble de nos actions, puisque tout peut contribuer à la formation du jugement politique, puisque tout problème peut devenir public, puisque tout peut, potentiellement, nous apprendre quelque chose. La question de la contribution à l'intérêt général de la pornographie, de l'art, de la musique, de caricatures est certes légitime, mais elle ne devrait pas avoir sa place dans le raisonnement juridique. Ainsi proclamée, et ainsi particularisée, « la libre communication des idées et des opinions » reçoit en fait une double justification : négative, qui découle du principe de liberté limité par la non-nuisance à autrui ; et positive, qui affirme l'importance de l'échange public contre les censures politiques et religieuses. [ndlr] Quelques articles à lire sur l’évolution de cette nation : liberté d’expression, maux sociaux et géopolitique. Dès lors, la liberté de parole recouvre l'ensemble des activités de communication, d'échanges d'informations par lesquels le peuple exerce son pouvoir de gouvernement, et son pouvoir sur le gouvernement. Cet article propose une analyse critique de la notion de « liberté d’expression ». Mais pour justifier l'inclusion d'une forme d'expression dans une sphère protégée de la délibération publique, il faut de surcroît identifier les raisons positives pour lesquelles cette expression serait habilitée, ou non, à s'asseoir à la table des débats. Par exemple, détourner un avion, ou agresser son professeur sont après tout des manières de s'« exprimer ». Et tout nous apprend, potentiellement, quelque chose sur nous-même. http://schema.org/about. Toute personne a droit à la liberté d’expression. Je me sens libre d’exprimer ici quelques réflexions sur ce sujet d’actualité. Archives par mot-clé : liberté d’expression Actualités Viêt-Nam. Mais aussi sur sa justification et ses limites. Vous avez une opinion à partager ? Définir la liberté d'expression On peut définir la liberté de communication, de pensée et d'opinion comme étant un des droits les plus précieux de l'Homme. En effet, la « liberté d'expression », héritière de la liberté de « parole », de « presse », de « communication des opinions », contient en elle-même une tension que l'extension indéfinie du terme « expression » ne peut résoudre : va-t-on privilégier, lorsque l'on voudra soutenir qu'une forme d'expression quelconque (littéraire, artistique, etc.) Tout d'abord sur le sens, dans la mesure où le terme « expression » est en lui-même porteur d'une signification presque sans limite, ce qui a pour effet inévitable une perte de compréhension. Adhérant à l'idée selon laquelle la liberté de parole (qu'elle nomme souvent « liberté d'expression ») est inextricablement liée à la délibération dans une société démocratique [24], l'auteure montre que l'interprétation du premier amendement a connu deux trajectoires opposées, selon que les formes d'expressions considérées sont perçues comme « politiques » ou « sexuelles » [25]. Aujourd'hui les institutions de censure ne pouvant utiliser des arguments moralistes à l'égard des contenus qu'elles souhaiteraient limiter auront tendance à mobiliser le prétexte plus consensuel de la « protection ». 16 Entre autres, parce qu’une attaque à notre liberté d’expression est une attaque à notre niveau de vie. Illustration de ce mécanisme : Dans un épisode extraordinairement brillant de. Pire encore, la priorité accordée à la politique tient pour acquis le partage de la sphère du public et du privé, alors que la liberté de parole devrait précisément consister en une remise en cause permanente du caractère public ou privé de certains enjeux : il serait alors contradictoire d'encourager l'exercice de l'autogouvernement tout en dessinant a priori les cadres légitimes de la délibération publique [17]. 30Inclure certaines formes d'expressions, telles que les représentations dites « obscènes » ou pornographiques, dans la sphère protégée de la délibération sous le label de « liberté de parole » suppose d'en dégager un certain apport cognitif et communicatif. Et cette liberté doit être défendue, pour sa capacité à diffuser une information qui permettra une meilleure prise de décision. Je souligne. Un certain nombre d'auteurs ont alors affirmé que la « liberté de parole » bien comprise devait inclure les représentations explicites d'activités sexuelles, nommées « obscènes », dans la mesure où elles pouvaient participer à l'épanouissement individuel, mais aussi, fût-ce de manière minime, à la vie en communauté [22]. English abstract on Cairn International Edition. Favoriser les échanges d’idées et la protection de la liberté d’expression est donc intuitivement bénéfique et la littérature scientifique le confirme. Filtre par catégorie 'Violence' contenant 194 postes. 33L'ouvrage De la Liberté, de John Stuart Mill [36] peut être lu comme un signe de ce hiatus, de cette incompatibilité entre positivité et relativisation de l'expression. Mais encore faut-il préciser en quelques mots ce que l'on entend par cette conception négative. Il n'est donc pas sans intérêt d'observer les formulations mot pour mot, ne serait-ce que pour comprendre ce qui, au sein de la notion vaste d'« expression », a pu être historiquement privilégié. Dans ce pays, il est fréquent que les politiciens, à la demande du public, posent des gestes concrets pour renforcer la liberté d’expression. Tout ce qui n'attaque que des entités symboliques ou abstraites, les « crimes sans victimes » ne saurait être prohibé. En général, pour mesurer la réalité de la nuisance, l'approche négative consiste à effectuer des partages délicats entre le concret et l'abstrait, le réel et le symbolique, l'acte et la parole qu'il serait bien entendu totalement absurde d'espérer trancher ici. Dès lors, comme l'affirme Frederick Schauer, la nuisance ne peut être mesurée, mais décidée ­« ascriptive » et non descriptive, pour reprendre son vocabulaire [45]. En quoi les manifestations, comme « le Protocole des Sages de Sion » ou les silences, comme les secrets de famille influencent la liberté d’expression ?. 20Aux États-Unis, c'est une conception « politique » de la liberté de parole qui prévaut, dans la jurisprudence comme dans la doctrine [15]. 842 likes. On pourrait également lui attribuer une conséquence indirectement paternaliste, en ce qu'il dénie aux familles la pleine capacité de donner à leurs enfants une éducation valable en confiant ce soin à l'État. Quel que soit son goût douteux ou son degré de provocation, la satire est salutaire ; si elle va trop loin, un État de droit possède l’arme de la … Nous retrouvons par ce biais la définition « négative » de la liberté d'expression selon laquelle une forme d'expression, pour être protégée, n'a pas à donner de preuves de bonne conduite. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. Si l'on part des justifications positives de la liberté d'expression, un terme doit immédiatement être précisé : celui de « justification ». Intrinsèquement perfectionniste, la notion même de « liberté d'expression » entendue dans ce sens positif peut ainsi se retourner contre les libertés qu'elle devait protéger (I). 28Par conséquent, valoriser la liberté d'expression pour ses vertus positives de contribution à la délibération se heurte à une double contrainte : ou bien on restreint les horizons de la délibération au nom d'une hiérarchie préalable de ce qui est public et de ce qui ne l'est pas ­ au risque de porter atteinte à cette liberté [30] ; ou bien on adopte du public une conception moins figée ­ au risque de souscrire au terme « expression » dans son acception illimitée. C'est donc pour leur caractère nuisible que nous aurons tendance à juger ces expressions « illégitimes ». Et la base pour décider de ce partage difficile réside beaucoup moins dans un appel à la « liberté d'expression », notion dont j'ai tenté de montrer le caractère insaisissable, flou et contre-productif, que dans l'assomption d'un principe d'autonomie [46]. Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. Kent Greenawalt, « Free Speech Justifications », À tel point que lors d'un procès pour obscénité (. Qu’il n’est pas un principe religieux, mais qu’il a toujours été un instrument politique. Les effets positifs de la « liberté d'expression », de ce point de vue, ne font pas oublier les torts qu'elle peut engendrer, mais ils les contrebalancent. L'article 11 de la Déclaration énonce que : 2 Cet argument est a priori recevable, parce que la protection des plus jeunes semble être la seule forme légitime de paternalisme ­ nul ne pourrait s'offusquer du fait que l'on traite les enfants comme des enfants. Il n'existe pas à ma connaissance de proclamation de la liberté d'expression antérieure à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948, article 19 (« Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression »), suivi de près par l'article 10 de la Convention Européenne des Droits de l'Homme (« Tout individu a droit à la liberté d'expression »). Academia (2) REGISTRE DES PUBLICITÉS ÉLECTORALES FÉDÉRALES. Nous avons la liberté de la presse ». Mais d'un autre côté, le principe de non-nuisance lié à la défense négative devra être interprété, et faire face à la difficulté de mesurer la nuisance de certaines formes de discours et d'expressions. La liberté d’écrire, d’être publié et de lire, sans distinction ni discrimination d'aucune sorte, sont des droits protégés par l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme. 38Or, selon certaines féministes (en particulier Catherine McKinnon et Andrea Dworkin), la pornographie remplirait sans difficultés les trois critères proposés par Ruwen Ogien. 14 Que nous dit Charlie, alors que se dissipent les ultimes mirages du 11 janvier ? Le cauchemar médiatique 1 critique 1 citation. La terminologie de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme est quasiment identique (« Tout homme a droit à la liberté d'expression. Show your support: Order Freedom to Read Week 2021 posters Featured articles from the Freedom to ... Read moreWelcome to Freedom to Read Mais cette démarche implique deux choses : d'une part, donner de l'expression une conception indiscernable qui oblige, in fine, à reposer le problème de la nuisance qu'elle tentait de conjurer. ... La diversité des médias - wepwawet - Diversité, altérité et littérature jeunesse - … En revanche, si la limite de la liberté est en dernier ressort le tort que l'on inflige à autrui, alors peu importe qu'il s'agisse de « liberté d'expression » ou de liberté tout court. Pourtant, dans un ouvrage récent, Marcela Iacub conteste cette exclusion des représentations sexuelles de la sphère délibérative [23]. À tel point que l'usage d'« expression » devient lui-même problématique. Car c'est précisément par cette opération de relativisation ­ que certains trouveront sans doute assez déprimante ­ que l'impact des mots et des représentations sera dédramatisé [34]. Voir l'article Patrick Wachsmann, « Liberté d'expression ». À cet égard, l'idée selon laquelle la liberté d'« expression » aurait été consacrée à la fin du 18e siècle prend les allures d'une traduction rétrospective. menuTrouver des sujets par mot-clés. Il est assez fréquent que des injures soient réinvesties par ceux qui en étaient traditionnellement les victimes, et deviennent alors instruments d'affirmation. En effet, la « liberté d'expression », héritière de la liberté de « parole », de « presse », de « communication des opinions », contient en elle-même une tension que l'extension indéfinie du terme « expression » ne peut résoudre : va-t-on privilégier, lorsque l'on voudra soutenir qu'une forme d'expression quelconque (littéraire, artistique, etc.) 23Mais lorsque l'on définit la délibération de manière aussi large, lorsqu'au terme restrictif de « parole » les théoriciens substituent celui, bien plus vaste, d'« expression », une question survient immédiatement : ne risque-t-on pas d'assister à une dilution totale de l'« expression », qu'il s'agissait de défendre ? Plus encore, l'édifice juridique considérable que représente la liberté d'expression, ou Freedom of speech, donne aux individus pourchassés par la censure et la répression un soutien indéniable, celui d'une haute tradition ­ en particulier aux États-Unis. http://experiment.worldcat.org/entity/work/data/891608787#Topic/liberte_d_expression_france_histoire_17e_siecle_congres La liberté d'expression. Mais, ne serait-ce qu'intuitivement, il semble incontestable qu'il existe certains types d'« offenses » qui, sans constituer des « préjudices » physiques concrets, doivent être limités : la diffamation, qui porte atteinte à la réputation et à l'honneur, les menaces répétées, les rumeurs ou encore les injures racistes ou sexistes [42]. Par conséquent, ce sont avant tout des raisons historiques compréhensibles qui ont amené à proclamer de surcroît la libre communication ­ ce que la déclaration montagnarde de 1793 énonce clairement en son article 7 : « La nécessité d'énoncer ces droits suppose ou la présence ou le souvenir récent du despotisme [5]. Pourtant, la jurisprudence sur l'obscénité a suscité des controverses assez profondes portant sur la signification même du premier amendement : la liberté de parole devait-elle être entendue au sens restreint, ou être étendue à des expressions dans un sens bien plus large [21] ?

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